Novembre 2022 Novembre 2022
Édito
Il y a quelques jours, j’ai rencontré une formidable maman. Terriblement touchante. Elle proposait qu’on se rencontre pour me parler de la totémisation de sa fille. Son témoignage était… déchirant.
JAMAIS je ne pourrai tolérer que ce genre de choses soient proposées, et surtout définies comme « activité scoute ». Jamais.
Bien entendu, il est impossible pour nous de savoir ce qui est vécu en totémisation. La dimension du secret est bien trop collée à cette tradition. Et en fait, pourquoi pas. Mais si le secret permet que ce genre de choses se passent en toute impunité… alors je militerai encore, haut et fort, pour changer ces vieilles habitudes qui n’ont plus leur place dans cette société de 2022, et qui n’ont jamais eu leur place dans le scoutisme.
Bien entendu, je sais que la dimension du dépassement est importante à vos yeux. Et en fait, pourquoi pas. Mais si ce dépassement donne un prétexte au danger, avant tout psychologique (le danger physique, ouf, est depuis longtemps - presque - derrière nous), si ce dépassement ne peut passer que par des épreuves humiliantes, alors je militerai encore, haut et fort, pour changer ces vieilles habitudes qui n’ont plus leur place dans cette société de 2022, et qui n’ont jamais eu leur place dans le scoutisme.
LA TOTÉMISATION N’EST PAS UN BAPTÊME ÉTUDIANT. Le contexte est différent. L’âge des bénéficiaires est différent. La confiance des enfants en leurs animateurs est totale. Et RIEN ne justifie de la rompre, même quelques heures. Rien. Tout cela m’a émue au plus haut point. J’y pense encore, plusieurs jours après. J’en retire une relation de confiance rare et précieuse. J’en retire de nouvelles idées d’actions, qui seront lancées au plus vite après avoir été soumises à ma précieuse Coralie Beyens, en charge de la branche Éclaireurs. J’en retire une leçon de vie.
Maintenant, ça suffit. Il est temps que ces pratiques qui collent à notre image, bien que peu présentes, arrêtent de polluer le travail de dizaines de troupes qui ont compris le sens du mot bienveillance. Et même si la tot’, c’est vécu dans la troupe, c’est l’affaire de chaque conseil d’unité de s’assurer que les enfants sont bien traités.
C’est l’affaire des staffs Baladins qui, accueillant les jeunes dans le scoutisme, les lancent dans un parcours dans lequel ils doivent avoir confiance.
C’est l’affaire des staffs Louveteaux qui doivent rassurer les loups passant bientôt chez les Éclaireurs, et qui en voient un certain nombre arrêter notamment à cause de la tot’ (les chiffres sont affolants).
C’est l’affaire des staffs Pionniers qui préparent les futurs animateurs, tout en continuant à faire du scoutisme. La première chose à apprendre aux pionniers, c’est la bientraitance des enfants.
C’est évidemment l’affaire des staffs d’unité, qui doivent pouvoir regarder des parents dans les yeux en leur assurant, haut et fort, que, oui, monsieur, madame, vos enfants sont bien traités ici.
Et c’est principalement l’affaire des staffs Éclaireurs qui ont les clés du changement en mains.
C’est le moment où jamais. Dans une société où l’être humain est fragile au plus haut point, malmené, poussé à bout, prenons notre courage à deux mains et montrons au monde entier que chez Les Scouts, se dépasser, ce n’est pas sous l’influence de la peur. C’est par défi personnel, soutenu par ses pairs, encouragés par ceux qu’on admire, et fiers de porter un foulard empli de toutes ces valeurs.
Attendez-vous donc à ce que pas mal de choses sortent dans les mois à venir. Parce qu’il me devient insupportable d’entendre de tels récits revenir chaque été… À disposition des troupes qui veulent en parler, vraiment, avec plaisir.
Mais alors parlons franc. Regardons-nous droit dans les yeux, ayons la franchise d’expliquer et osons nous remettre en question en posant les questions qui fâchent, de tous les côtés. Si je pouvais lancer ça avant de partir, je serais la plus heureuse des présidentes.
