#199 Janvier 2020

Comportements difficiles… à l’aide !

Comportements difficiles... à l’aide !

Comportements difficiles... à l’aide !


  • Lucas, permanent pédagogique

Tu as certainement déjà eu dans ta section un scout avec un comportement difficile. Tu sais, le petit baladin qui fait expressément tout à l’inverse des autres, la louvette qui prend un malin plaisir à créer des disputes chaque semaine, l’éclaireur qui s’évertue systématiquement à faire planter vos jeux, ou encore la pionnière star qui prend toute la place dans le groupe avec ses comportements de diva. #TuVoisDeQuiOnParle ?

Tu trouveras dans cet article sept attitudes/actions concrètes et faciles à adopter/appliquer avec ton staff afin d’appréhender et gérer au mieux ces comportements difficiles. #MerciQui ? #MerciLesScouts !

Ce qu’il fait ≠ ce qu’il est

Mais au fait, pourquoi parle-t-on de « scouts à comportements difficiles » et non pas de « scouts difficiles » ? La nuance est très importante car, dans une relation scout-animateur de qualité, tu dois pouvoir dissocier les actes du scout (= ce qu’il fait) de sa personnalité (= ce qu’il est). Évite donc de réduire un scout aux actions qu’il pose. Car il n’est pas que cela, il est bien plus ! 😉

Si un jugement porte sur ta conduite : « Tu as fait une bêtise. », tu pourras l’entendre sans te sentir dévalué ou humilié. Tu te diras juste : « Tiens, j’ai mal agi. ». Mais si ce jugement venait à englober toute ta personnalité : « Tu es bête ! », il en serait autrement. C’est la même chose pour tes scouts !

C’est quoi un comportement difficile ?

Par "comportement difficile", nous entendons tout agissement ou attitude détériorant l’équilibre du groupe ou empêchant le bon déroulement des activités de la section. Il peut s’agir de non-respect volontaire des consignes ou de l’autorité des animateurs, d’attitudes perturbatrices récurrentes et intempestives, de comportements à risque pouvant porter atteinte à la sécurité physique (traverser une autoroute) ou affective (harcèlement), voire même de la violence verbale ou physique.


Avant même de lire l’article, fais le test suivant !

Ce test te permettra de prendre conscience de tes forces et faiblesses face aux comportements difficiles et t’aidera à entrevoir des pistes d’amélioration. Pour que cela ait du sens, sois le plus honnête possible dans tes réponses.


« Qui suis-je face aux comportements difficiles ? »

Pour chaque affirmation, coche le chiffre correspondant le plus à ta façon d’agir.
0 = je ne le fais jamais.
4 = je le fais régulièrement.

Quizz comportements difficiles
Si je suis face à certaines difficultés, j’en parle à mon staff, ou à mes animateurs d’unité. *
Je connais le scout, son vécu, ses difficultés, son entourage familial. *
Je me demande s’il vit des choses difficiles actuellement. *
J’adapte mes attitudes et je gère mes émotions. Je ne me laisse pas dépasser par la situation. *
J’anticipe les comportements difficiles du scout. *
Je me sens compétent malgré les agissements indésirables répétés. *
Je reste posé et parviens à m’exprimer calmement. *
J’accueille le scout de façon bienveillante et ce malgré son comportement. *
Je souligne le comportement difficile sans attaquer ou étiqueter le scout. *
Je me rends disponible et suis à l’écoute quand le besoin s’en fait sentir. *
Je ne sanctionne pas sous le coup de la colère. Je sais prendre du recul avant de donner une sanction et me permets de bien réfléchir. *
Je donne une sanction en lien avec l’acte. Si possible éducative, constructive et réparatrice. *
Je tente de comprendre pourquoi le scout agit de la sorte en essayant d’identifier les « besoins » qui le pousse à mal se comporter. *
Je me réfère au règlement (charte de section, charte d’unité, etc.) pour sanctionner le scout. *
Je signifie au scout le comportement attendu selon les règles de la charte de section, d’unité, etc. *
Je veille à féliciter le scout quand il fait ce qui est attendu. *
Je suis impartial et équitable. J’agis de la même façon peu importe le scout. *
Si la situation le nécessite, j’organise un conseil de section, de staff, d’unité, etc. Je ne reste pas seul face aux problèmes. *
J’applique ce que je dis et je suis constant. *
J’essaye de varier mes méthodes d’intervention. *
J’instaure un cadre assez sécurisant. *
Je veille à l’estime de soi de chacun. *
Je ne laisse pas mon jugement se faire polluer par mes idées préconçues ou mes représentations personnelles. Je cherche à être le plus objectif possible. *
Je valorise les bons comportements. *
J’agis moi-même selon les règles et je donne le bon exemple au scout. *
Je demande de l’aide (animateurs d’unité, parents, cadres, équipe du 21, autres…) à temps. *

*Ce test est librement inspiré de Gérer les comportements difficiles chez les enfants de P. Leurquin et S. Vincelette, éd. Érasme.

En fonction de tes résultats au test, voici 4 attitudes et 3 actions clés à adopter/appliquer, seul ou en staff, qui peuvent t’aider à t’améliorer face aux comportements difficiles.

  • Si tu as un score supérieur à 5, c’est tout bon !
  • Si tu as un score inférieur à 5, nous t’invitons à lire le paragraphe concernant l’attitude à renforcer chez toi.


1. Soigne ta relation 

Ton score en relation :

On ne le dira jamais assez :  ta meilleure arme en tant qu’animateur, c’est la relation que tu crées et nourris tout au long de l’année avec chacun de tes scouts ! Ce n’est pas pour rien que la relation est le premier élément de notre méthode (voir Balises pour l’animation scoute, p. 8 et pp. 29-45).
En cas de comportements difficiles (répétitifs ou non), le piège est de s’écarter petit à petit du scout les ayant commis car on n’a plus envie d’avoir affaire à lui. Il a déçu et reçoit de facto une étiquette de fauteur de trouble dont il aura toutes les peines du monde à se départir. C’est un piège car à part diminuer la qualité de la relation qui te  lie au scout, cette attitude ne permet en rien d’avancer. Au contraire, cela pourrait même pousser le scout, se sentant peu apprécié et parfois injustement jugé, à continuer ses agissements indésirables.
La bonne attitude à adopter est plutôt de (re)construire avec lui un climat d’échanges positifs en favorisant un dialogue constructif, en lui montrant que tu l’écoutes activement, en prenant réellement son propos en considération, en l’estimant malgré tout, en lui accordant encore ta confiance, en lui destinant tout de même des propos ou des petits gestes sympathiques…
Bref, (re)crée un lien de qualité ! Tu as plus à y gagner qu’à y perdre ! #AieConfiaaaaance !

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2. Utilise le filtre empathique

Ton score en empathie :

Même si c’est loin d’être un exercice évident, fais abstraction de ta propre manière de percevoir la situation et essaie plutôt de la voir au travers des yeux du scout concerné. Cela te permettra de comprendre ce qui l’a poussé à agir de la sorte et de détecter in fine quel(s) besoin(s) sont en jeu chez lui.

Des besoins ?! Quels besoins ?

Tous les grands spécialistes du comportement humain s’entendent pour dire que les actes et actions n’existent que parce que des besoins nous forcent à les accomplir. Un scout qui agit de façon inappropriée ne le fait en général pas par pur plaisir (ce que l’on a souvent tendance à croire), mais plutôt parce que cela répond à un besoin qu’il a en lui. Souvent, il n’en a d’ailleurs même pas conscience.

Cela peut être un besoin primaire comme bouger, se reposer, boire, manger, etc. ou un besoin complexe : écoute, reconnaissance, respect, valorisation, récréation, appartenance, plaire, cohérence, justice, sécurité, etc.

Identifier ces besoins chez le scout te permettra d’intervenir à bon escient et d’élaborer une stratégie d’action ayant du sens, répondant réellement aux fondements du problème.

En bref, faire preuve du filtre empathique, c’est passer de : « Il a mal agi ! Je n’aime pas ce scout ! » à : « Il a mal agi, pourquoi ? Et que faire ? ».
#EtSePoserCesQuestionsCEstDéjàYRépondre !         

3. Ne juge que les faits

Ton score en confiance :

On l’a déjà dit :  ne juge que les faits observables et les comportements répréhensibles. Ne juge pas la personne !
Dis : « Je n’aime pas ce que tu as fait. » plutôt que : « Je ne t’aime pas. ». C'est préférable pour l’image et l’estime du scout et c'est certainement plus juste. Ne juge que les faits et exprime-les lui objectivement. Cela te permettra de communiquer ton désaccord tout en conservant une relation de qualité et respectueuse de l’un comme de l’autre.Ne laisse pas ton jugement se faire polluer par tes idées préconçues, tes représentations, tes croyances personnelles...
#TuEsPlusFortQueÇa !

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4. Sois cohérent et impartial

Ton score en cohérence :

Les règles doivent être les mêmes pour tous ! Peu importe le contexte et qui est impliqué. Pourquoi David arrêterait de coller Akela alors que Théo et Emma sont tout le temps dans ses pattes ? Pourquoi Béluga se tairait pendant l’explication du jeu alors que l’on ne demande jamais à Hermine et Abyssin de la mettre en veilleuse ? Et quel sens y a-t-il à demander aux scouts d’écouter les autres avec attention, si tu ne le fais pas toi-même ?#LaCohérenceÇaCommenceParToi !

5. Réglemente avec la règle des 5 C

Ton score en règlement :

(Re)définis avec les autres (en conseil, en section, en petit groupe…) des nouvelles règles ou des pistes d’actions permettant que les comportements difficiles observés ne puissent plus se reproduire. Une règle établie par tous et pour tous place le scout dans une position de partenaire, responsable, au même titre que tous les autres, de la vie en commun.
#LeLoupQuiLEnfreintDoitGrandir

Les 5 C de la règle :

  • Claires : les règles sont-elles énoncées dans un vocabulaire clair et compris par tous ?
  • Concrètes : les règles sont-elles décrites en termes de comportements observables et vérifiables ?
  • Constantes : les règles sont-elles appliquées de la même manière selon l’humeur de l’adulte ou selon l’enfant à qui elles s’adressent ?
  • Conséquentes : une sanction est-elle prévue à la suite de la transgression d’une règle ?
  • Communes : les règles sont-elles mises en pratique par les personnes qui les ont édictées ?

Source : Université de Paix (Namur).

6. Sanctionne (si besoin) avec la règle des 5 S

Ton score en sanction :

Si les comportements difficiles sont graves ou répétitifs, tu peux envisager une conséquence sous forme de sanction à l’encontre du scout responsable. Une sanction permettra au scout de prendre conscience qu’il a transgressé une règle (pour rappel, il faut que celle-ci soit connue ou du moins évidente).

Si on laisse tout passer, le risque est grand de créer un sentiment d’impunité chez le scout. Cependant, la sanction doit s’inscrire dans une relation bientraitante. Son objectif n’est certainement pas de faire honte au scout ou de l’humilier mais de l’aider à grandir et à en tirer des enseignements. Pour qu’elle soit éducative et constructive, la sanction doit obéir à deux critères : être proportionnelle à la gravité de la transgression et amener à comprendre la faute. Et si, en plus, elle est réparatrice du tort causé, c’est encore mieux.
#SanctionneJusteOuNeSanctionnePas !

Les 5 S de la sanction :

  • Sommation : avant d’être sanctionné, chacun a droit à un avertissement.
  • Solution : une sanction qui responsabilise et, si possible, qui répare. Dans l’idéal, elle sera placée sur le même terrain que la faute.
    Exemple : « Tu as cassé une chaise : tu répares » ; « Tu as fait mal à Paul : tu lui mets un pansement ».
  • Souple : la rigueur des principes n’exclut pas la souplesse de leur application (circonstances atténuantes ou aggravantes, degré de responsabilité, etc.).
  • Suffisamment inconfortable : priver de dessert un enfant qui n’aime pas les sucreries n’a pas beaucoup de sens !
  • Scinder l’acte et la personne : une sanction s’adresse à un comportement. Il faut se garder de réduire un être aux actes qu’il pose.

Source : Université de Paix (Namur).

7. Demande de l’aide

Ton score en aide :

Si les comportements difficiles persistent malgré tout, fais-toi aider. Prends contact avec tes animateurs d’unité, les parents, tes cadres fédéraux, le 21 et explique-leur posément la situation. Nul doute qu’ensemble vous trouverez plusieurs pistes d’actions sérieuses et efficaces. ✌️   


Avec tout ça, tu as maintenant tout en mains pour animer plus facilement des scouts aux comportements difficiles ! 💪

Pour aller plus loin

  • Replonge-toi dans le chapitre La Relation dans Balises pour l’animation scoute (pp.29 à 45), c’est une véritable mine d’informations pertinentes sur le sujet.

  • Gérer les comportements difficiles chez les enfants de P. Leurquin et S. Vincelette chez Érasme.