#203 - Éclaireurs Juin 2020

Créer un espace de parole en début de camp

Créer un espace de parole en début de camp 

Créer un espace de parole en début de camp 


  • Claire, permanente pédagogique

 

Voici une animation clé sur porte. 

Objectifs  : 

  • permettre à chaque scout d’être à l’écoute de ses ressentis et de les partager au groupe ; 
  • faire le point sur son état d’esprit par rapport à la situation de crise ; 
  • identifier ses besoins et découvrir ceux des autres pour assurer le bien-être de chacun pendant le camp. 

Mon rôle pendant l’activité

  • Faire de la place à chaque scout tout en respectant les différents tempéraments. Chacun est libre de partager ce qu’il souhaite, ni plus, ni moins. 

  • Quand une personne exprime un mal-être, une façon de l’aider est de pratiquer l’écoute active. Il ne sert à rien de nier ou de minimiser le ressenti (“ce n’est rien, ça passera”), un ressenti n’est jamais faux. Laisse le jeune s’exprimer et encourage-le à accueillir ce qu’il vit : “je comprends, je vois...”. Tu peux aussi lui poser des questions ouvertes en lui laissant la possibilité de ne pas y répondre s’il n’y tient pas : “As-tu une solution...? Et si tu faisais cela? Penses-tu que cela te serait bénéfique?”. 

À noter

  • Répartis ta section en petits groupes (sizaines, patrouilles...). Cela permettra aux plus timides de s’exprimer plus facilement.  

  • Cette proposition d’animation est commune à toutes les branches, n’hésite pas à adapter l’une ou l’autre étape selon ta réalité. 

Déroulement

Étape 1 : poser le cadre

Explique aux scouts que si chaque camp est une aventure unique et inoubliable, celui-ci le sera encore plus que les autres pour tant de raisons. Cela fait un bon moment que la section n’a pas eu l’occasion de se rassembler. Chacun a vécu la période de confinement à sa manière. Des mesures d’hygiène sont à respecter en toutes circonstances. En ce début de camp, il est important de prendre un moment pour se re-découvrir et partager ses besoins pour que chacun se sente à l’aise. Ensuite, présente ces règles d’or à respecter pendant l’animation : 

  • Respect : on ne se moque pas, on respecte le point de vue de chacun. 

  • Non jugement : on ne porte pas de jugement (“tu aurais dû...”), on s’exprime en son nom (on parle en “je” et pas en “tu”), on n’accuse personne... 

  • Confidentialité : ce qui se dit dans l’espace de parole reste dans l’espace de parole. 

Et si les règles ne sont pas respectées ? 

  • Rappelle la règle non suivie avec bienveillance. 

  • Ne tolère jamais un manque de respect grave, interviens directement. 

  • Si un scout enfreint les règles à répétition, prends-le en aparté après l’activité plutôt que pendant celle-ci.

Étape 2 : explorer les émotions

Les scouts se mettent à l’aise, ils se couchent dans l’herbe, sur un matelas ou par terre avec un coussin... Ils ferment les yeux. 

Parle-leur avec une voix tranquille : 

“Imagine une bulle, comme une bulle de savon, tout autour de toi. Ce qui se trouve à l’extérieur n’a plus aucune importance. À présent, tu es tout seul. Dans cet espace ton corps est allongé et complètement détendu. Tu es totalement immobile. Seule ta respiration crée du mouvement. Observe cela. L’air qui rentre et qui sort. Quelles sont les parties du corps qui bougent ? Comment trouves-tu ta respiration ? Est-elle calme, agitée, paisible, saccadée, régulière... ? Tu peux poser tes mains sur ton ventre pour le sentir se soulever.” 

Après quelques instants de calme absolu, toujours en gardant les yeux fermés, propose aux scouts d’identifier leur-s ressenti-s du moment. Pour cela, l’animateur lit à voix haute une série d’émotions. Le scout en repère l’une ou l’autre qui lui parle particulièrement ou il se contente de toutes les écouter et observe simplement ce qu’elles soulèvent éventuellement chez lui.  

La bonne idée 

Propose un support visible des différentes émotions. Soit sous forme d’affiche, soit sur des feuilles éparpillées dans l’espace. Tu peux aussi choisir d’imprimer ou de dessiner des émojis pour les plus jeunes.

Étape 3 : retour sur le vécu de ces derniers mois

Mets à disposition du matériel pour écrire ou dessiner et explique aux scouts qu’à présent ils vont réfléchir à leur vie pendant crise sanitaire. Ils écrivent ou dessinent ce qu’ils souhaitent, ils sont totalement libres par rapport à cela. S’ils le souhaitent, ils peuvent ne rien mettre par écrit. 

“À quoi ressemblait ta vie pendant le confinement ? Tes journées se ressemblaient-elles ? Y –a-t-il des choses qui ont changé pour toi ? Qu’est-ce qui t’a marqué ?” 

Quand ils repensent à ces moments, quelles émotions les traversent ? Sont-elles plutôt positives ou négatives, un mélange des deux ? Se sont-ils confiés à des personnes de confiance ? Ont-ils besoin de le faire ? 

Voici une liste de questions dont tu peux t’inspirer si tu souhaites creuser la réflexion. Toutes ne conviennent pas aux quatre branches. À toi d’en juger.    

Étape 4 : moment de partage

Ensuite, permets à chacun de s’exprimer librement. Il n’y a pas de réactions à avoir ni de commentaires à faire. C’est un moment d’écoute. 

Ils peuvent partager : 

  • La manière dont ils ont vécu l’activité. 

  • Les émotions qu’ils ont identifiées. 

  • Leurs réflexions quant à la situation de crise.    

Étape 5 :  nos besoins pour le camp ?

Explique que les émotions agréables ou désagréables sont toujours liées à un besoin. Si nos besoins sont comblés, on se sent heureux, détendu, de bonne humeur. 

Par ailleurs, un besoin qui est important pour nous et qui n’est pas comblé génère un sentiment désagréable. Par exemple, si un scout a besoin d’espace pour se sentir à l’aise, le confiner dans un local sans lui laisser l’opportunité de prendre l’air va générer chez lui un réel inconfort. Lis à haute voix la liste des besoins et demande aux scouts d’en identifier trois qui leur parlent particulièrement au démarrage de ce camp.  

La bonne idée

Propose un support visible des différents besoins. Soit sous forme d’affiche, soit sur des feuilles éparpillées dans l’espace.

Chaque scout les partage au reste du groupe et donne éventuellement des exemples de moments où il imagine qu’il va pouvoir les assouvir.

Si un besoin partagé par un scout risque de ne pas être comblé pendant le camp, la section peut imaginer des adaptations à mettre en œuvre. 

Parfois, il n’y a tout simplement pas de solution. Dans ce cas, il faut juste l’observer, l’important c’est de s’être posé la question. On imagine par exemple, qu’un scout confie qu’il a grand besoin de calme et de solitude par moment. On pourrait peut-être envisager de prévoir un coin tranquille à l’écart du groupe pour que ceux qui le souhaitent puissent s’y installer.    

Prolongement

N’hésite pas à réutiliser ces listes d’émotions et de besoins pendant le camp. Par exemple, pendant les conseils.  

Tu peux utiliser ces fiches lors d’un conflit. Propose aux scouts d’identifier les émotions qui les habitent et d’exprimer le besoin qui n’est pas comblé avant de chercher à résoudre le différend. Cela permet souvent de débloquer une situation. 

Ou encore, en fin de journée. Propose aux scouts de réfléchir au meilleur moment de la journée et d’y associer l’émotion ressentie et le besoin qui était satisfait. En faisant cette activité régulièrement, on apprend à mieux se connaître et à mieux connaître les autres. On prend davantage conscience de ce qui est important pour chacun.    

Références 

Certains contenus de cette activité ont été inspirés par des fiches crées par Latitude jeunes, merci à eux pour leur travail de qualité. 😊