#203 - Pionniers Juin 2020

Faire face aux réactions des scouts

Faire face aux réactions des scouts

Faire face aux réactions des scouts


  • Katia, permanente pédagogique

Animateurs, enfants ou ados, chacun arrive sur le camp avec un vécu différent. Voici quelques sujets qui pourraient arriver sans prévenir et qui auraient pu te mettre mal à l’aise… Mais heureusement, tu auras lu ces quelques pistes pour en discuter ! 

Le conseil principal ? Être à l’écoute et croire en ses capacités d’animateurs. 

Comportement inhabituel

Un scout semble mal dans sa peau, irritable et s'isole. Ce n'est pas son comportement habituel.

  • Prends du recul et relativise, cela n'a peut-être rien à voir avec la situation et le comportement peut être temporaire. 
  • Observe si ce comportement perdure. Demande aux membres du staff s'ils ont observé la même chose .
  • Discutes-en à part avec le scout. Fais-lui part de ton inquiétude et écoute-le avec attention.
  • Si tu ne te sens pas à l'aise avec ça, identifiez en staff qui peut parler avec lui . 
  • N’insiste pas si le scout ne veut pas de ton aide, mais assure-toi que son attitude évolue positivement avec le temps .
  • Préviens-le que tu restes attentif à son bien-être et disponible pour lui. 

Sentiment de culpabilité

Certains scouts ont peur d'attraper le virus et de contaminer leurs proches. 

  • Écoute et pose des questions pour qu'ils verbalisent ce qui les effraie. Évite de minimiser la peur, et réfléchissez ensemble à ce que vous pouvez mettre en place pour le rassurer pendant le camp.

  • Prends le temps de lister avec eux ce qui les inquiète concrètement .

  • Rappelle les mesures d’hygiène mises en place sur le camp et les précautions prises pour s’assurer qu’ils restent en bonne santé.

  • Soit un exemple au quotidien en respectant également les règles sanitaires. C'est sécurisant pour les scouts de voir que tu ne les prends pas à la légère.

Sentiment de méfiance

Certains se méfient des autres, ils se montrent fort distants, même avec leurs amis proches. 

  • Discute avec eux pour tenter de cerner le pourquoi de ce comportement : est-ce une crainte d'être contaminé par les autres ? Ou plutôt une conséquence du confinement ? Quelque chose d'autre ? 

  • Mets en place des activités pour recréer du lien social au sein de la section .

  • Rappelle qu’il est possible de respecter les mesures d’hygiène et de sécurité spécifiques à la bulle sans pour autant s’isoler complètement.

  • Si ce comportement persiste, appelle les parents ou, à défaut, une personne qui pourra t’aider à y voir plus clair (un membre de l’équipe d’unité par exemple).

Décès et deuil

Un scout vient me parler de la perte de l’un de ses proches durant le confinement. Je ne sais pas comment réagir. 

  • Prends le temps de l’écouter pour qu’il puisse exprimer son mal-être. Dans un contexte où les rituels de deuil ont été modifiés, voire absents, la perte d’un être cher – liée ou non au covid-19 – peut-être une épreuve difficile à surmonter .

  • Informe le staff de la situation (si le scout n’y voit pas d’objection) .

  •  Assure-lui que tu restes à son écoute en cas de besoin.

  • Prévois un lieu de “voyage intérieur”, une zone chill ou on peut déconnecter, vider son sac, se retrouver...

Violence (victime ou témoin) 

Un scout me parle d'une violence subie durant le confinement. 

  • Prends le temps d'écouter pour qu’il se sente entendu .

  • Accepte que tu ne sois pas qualifié pour l'aider à résoudre son problème.

  • Fais-lui part de ton inquiétude et remercie-le de la confiance qu’il t’accorde en se confiant à toi.

  •  Dis-lui que ce qu'il a vécu n'est pas anodin et qu'il peut se faire aider.

  • Donne-lui le numéro du service Ecoute Enfants (le 103) qui est gratuit et anonyme.

  • Tu ne peux pas entendre ce genre de chose et ne rien en faire. Explique au scout que tu dois parler de ton inquiétude à un
    autre adulte (ton animateur d‘unité) qui saura comment réagir .

  • Ce n’est pas à toi d’interpeller les parents, laisse cela à une personne qualifiée qui saura comment aborder la situation ; 

  •  Assure un suivi sur mesure pour ce scout : discute avec lui de ce qu’il attend de toi et porte un regard encore plus attentif sur lui. 

De l'aide

Quelle que soit la situation, tu peux te sentir dépassé ou avoir tout simplement besoin d’un conseil. Il y a des personnes qui sont là, prêtes à t’aider : ton staff et ton équipe d’unité bien sûr, mais aussi ton équipe fédérale, le 21 ou Scout Assistance (si tu fais face à une situation critique).

Non respect des mesures sanitaires

Certains scouts ne respectent pas les mesures de sécurité et d’hygiène mises en place. 

  • Affiche les règles aux yeux de tous, parle-en en début de camp et réalise une charte avec ton groupe.

  • Tente d’identifier l’origine de ce comportement : est-ce un oubli involontaire, une maladresse spontanée ? Ou est-ce plutôt un non-respect délibéré de ces mesures ? 

  • Accorde le droit à l’erreur tout en rappelant la règle et le bon sens .

  • La gestion des mesures sanitaires peut jouer un rôle important dans le bien-être des scouts : évite de transformer ce cadre sanitaire en quelque chose d’anxiogène ou de culpabilisant (en évitant de punir par exemple) .

  • Communique sur les règles de manière positive et ludique .

  • Questionne et discute avec les scouts de leur adhésion à ces règles. 

Perte de contrôle par rapport aux informations

J’entends des scouts relayer des informations que je juge dangereuses et non fiables. Comment puis-je intervenir ? 

  • Demande aux scouts d’où ils tiennent ces informations. De quelles sources ? Les rumeurs et les spéculations sont souvent présentes dans les situations de crise. Nous entendons un grand nombre d’informations parfois divergentes et contradictoires .

  • Donne des repères pour trier et trouver des informations fiables par rapport à leurs différents questionnements .

  •  Si tu disposes d’informations fiables, prends le temps de répondre aux questions dans la mesure de tes connaissances du sujet .

  •  Ne te sens pas obligé de répondre à tout prix, surtout si tu ne disposes pas de l’information .

  • Privilégie la simplicité : utilise un vocabulaire accessible à l’âge des scouts .

  •  Termine par une information positive. 

Minimisation ou déni de la situation 

Certains scouts me disent : toutes ces mesures ne servent à rien, c’est juste une grosse grippe. Que leur répondre pour ne pas les braquer ? 

  • Écoute-les sans jugements.

  • Explique qu’il est naturel de ne pas ressentir l’importance de la situation si on n’est pas directement concerné : soit parce qu’on est jeune et qu’on se sent protégé du virus, soit parce qu’on ne connait personne de son entourage concerné par cette maladie, etc.

  •  Minimiser ou nier la situation peut être une manière de se protéger de l’anxiété générée par la crise du covid-19 : explique qu’il n’y a pas une bonne ou une mauvaise manière de réagir face à la situation. Certaines personnes s’affolent, d’autres pensent qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter. 

  • Rappelle qu’il est important de respecter les mesures sanitaires pour le bien-être de chacun. 

Peur pour l'avenir

Certains scouts expriment leurs peurs pour le futur : quel sera l’impact sur leurs études ? Va-t-il y avoir une grave crise économique ? 

  • Écoute leurs craintes, sans les nier, ni les minimiser. S’ils les expriment, c’est qu’elles sont importantes pour eux .

  • Dis-leur qu’il est normal d’avoir peur car la situation est stressante, nouvelle pour tout le monde.

  •  Identifiez ensemble les craintes et les pistes de solutions possibles (afin d’être dans une spirale positive) .

  • Certaines situations sont hors de notre zone de contrôle et on ne peut pas agir directement sur celles-ci (la perte d’emploi d’un parent par exemple) : inutile de perdre de l’énergie dans ce qu’ils ne pourront pas changer.

Manque d'implication dans la vie du camp 

Certains scouts sont peu investis dans la vie du camp ou dans les activités. 

  • Garde à l’esprit que les jeunes ont été en manque de liens sociaux durant le confinement. Il est probable que leur préoccupation soit d’abord de ressouder des liens avec les potes. 

  • Le contexte anxiogène n’est pas favorable à la concentration. Quand le sentiment de sécurité est peu présent, il peut être compliqué de se focaliser sur une activité.

  • Propose-leur un espace de parole pour en discuter sereinement en petits groupes ou avec la section.

  • Rappelle-leur l’importance du rôle de chacun pour que la vie en communauté sur le camp soit la plus agréable pour tous .

 

Merci à Latitude Jeunes qui a inspiré ce document.